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L’industrie culturelle n’est pas accessoire

Aillagon @ Laculture.info
Aillagon @ Laculture.info

Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre de la Culture et ancien président du château de Versailles, évoque les bons résultats estivaux des activités culturelles. C’est le signe de la maturité de la société française et le résultat de soixante ans de politiques culturelles volontaires. Où que l’on aille, cet été, on trouve des expositions, des festivals, des concerts, souvent de très grande qualité… Les acteurs de ces initiatives ont su aller à la rencontre du public avec intelligence et ambition. Si la culture permet l’épanouissement individuel, elle constitue aussi une activité collective qui réunit les gens. Elle est devenue ce que la religion était souvent en d’autres temps, une attitude de communion et de partage. Elle permet aux gens de se retrouver et de s’élever au-dessus des seules inquiétudes de l’époque, économiques, sanitaires et même militaires, si nombreuses… C’est un remède contre la morosité.

« L’économie contemporaine de la production et de la distribution des biens culturels ignore les frontières »

Ce secteur, qui représente 3,2% du PIB, est-il devenu une industrie à part entière?
La production de la culture a un coût, pour l’État, bien sûr, mais aussi pour les collectivités locales et pour beaucoup d’opérateurs privés. Mais elle génère une véritable économie. Aller au musée ou à un spectacle, organiser son déplacement et son séjour, déjeuner sur place, acheter un catalogue d’exposition, ce sont des actes économiques, utiles à notre pays, d’autant plus qu’ils intéressent un immense public étranger. Cette véritable industrie culturelle n’est pas ­accessoire, surtout à un moment où la France a des difficultés à fixer beaucoup d’autres activités de production sur son territoire. Le château de Versailles, lui, n’est pas délocalisable!

Ce bel été cache-t-il une rentrée plus mouvementée avec le conflit Amazon-Hachette, l’arrivée de Netflix, le dossier des intermittents?
Le numérique a déjà bouleversé les modes de distribution des biens culturels. C’est cependant une évolution positive, car il permet un accès plus facile à une vaste offre culturelle. Mais il contrarie les dispositifs classiques de protection de la diversité de l’offre et de financement de la production. Face à cet enjeu, il faut une réponse de l’Europe. L’économie contemporaine de la production et de la distribution des biens culturels ignore les frontières, en tout cas celles des pays démocratiques. Aurélie Filippetti l’a bien compris. Quant au régime des intermittents, j’ai bon espoir qu’on trouve une solution juste et définitive.

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