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La culture contribue sept fois plus au PIB que l’industrie automobile

Culture @ Laculture
Culture @ Laculture

Malgré l’omniprésence des thèses du déclin dans les médias de l’Hexagone, les récents triomphes de Modiano, Tirole et autres Piketty montrent que la culture française a peut-être retrouvé sa splendeur d’antan, avance le quotidien espagnol El País. « Vive la France ! » C’est avec ce titre que le quotidien espagnol El País a publié, un long article consacré à la « renaissance » de la culture française. Elle aurait même retrouvé sa splendeur d’antan, avance le journal.

Certes, « cela fait des années que les Français s’autodiagnostiquent une maladie qu’ils désignent (…) comme le ‘repli sur soi' », commence par rappeler El País. Mais ce déclin annoncé et répété n’est peut-être pas autant d’actualité que les Français tentent de s’en persuader : « La bonne nouvelle venue de Stockholm [les prix Nobel de littérature et d’économie décernés à Patrick Modiano et Jean Tirole] et sa visibilité médiatique ont fait chanceler cette théorie. »

El País énumère ensuite les griefs que les Français se font à eux-mêmes et à leur culture : la littérature hexagonale aurait « disparu après le nouveau roman », les traductions de livres français constituent moins de 1 % du marché anglo-saxon, le cinéma français « n’a rien produit de bon depuis Godard et Truffaut », les intellectuels ne sont plus étudiés à l’université et les artistes français « ne peignent plus rien ou presque ». « Bref, les chiffres alarmistes ne manquent pas », résume le journal, qui s’interroge pourtant : « Alors pourquoi la culture française continue-t-elle (…) d’être une référence dans le monde ? »

« L’arbre qui cache la forêt »

El País revient sur l’attribution des prix Nobel à Modiano et Tirole, et s’étonne que ces succès soient vus comme « des arbres qui cachent la forêt », ce dont « les pessimistes se servent pour tenir à distance tout triomphalisme ». Au contraire, ne sont-ils pas le signe d’une renaissance de la culture française ? s’interroge le journal, qui tente d’apporter une réponse en évoquant le point de vue de diverses personnalités françaises de la culture.

Parmi les opposants à la thèse du déclin, Patrick Poivre d’Arvor, qui rappelle que la culture a en France « une grande importance sur le plan symbolique », et qu' »obtenir un prix Nobel de littérature est aussi important que de remporter le Mondial de football pour d’autres pays ». Thomas Piketty : « Le problème de la France – et de l’Europe –, c’est son gouvernement, et en aucun cas sa culture. » Ou encore Jack Lang, qui « a ouvert [la France] aux nouvelles formes d’expression, de l’art contemporain aux comics et aux cultures urbaines, et a accompagné le changement social supposé se produire avec l’arrivée des socialistes au pouvoir ». Pour l’ancien ministre, « la politique et l’économie françaises vont mal, mais pas la scène culturelle et intellectuelle, qui occupe tous les recoins de la vie française ».

Côté « déclinistes », on trouve le philosophe Michel Onfray, qui observe une « décadence » culturelle, dont « la racine se rencontre au moment où le socialisme a embrassé le libéralisme, un régime où l’argent dicte la loi. C’est ce qui se passe aujourd’hui dans l’éducation, la santé, la défense et le travail, mais aussi dans la culture ». El País rappelle également les propos de Nicolas Sarkozy, qui avait évoqué la suppression pure et simple du ministère de la Culture.

« Une source de richesse qui n’est pas délocalisable »

Ce que toutes ces personnalités ont en commun ? « Une certaine idée de la France », résume El País. « La très célèbre expression de De Gaulle est un élément clé pour aborder le débat. Le pays reste toujours accroché à cette ‘certaine idée de la France’, qui se voulait un pays différent des autres, comme l’ont répété tous les présidents depuis. De Gaulle a parfaitement compris le rôle stratégique de la culture », analyse-t-il.

« Pour la France, la culture représente aussi une source de richesse qui n’est pas délocalisable au Bangladesh, dans la même catégorie que son savoir-faire reconnu sur les marchés de la mode et du luxe. C’est peut-être là que se trouve son soft power. Un rapport réalisé l’année dernière par l’exécutif français a signalé que la culture contribuait sept fois plus au PIB que l’industrie automobile », conclut le journal.

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